Le Sine Saloum se mobilise pour le climat et l’environnement
Infolettre N°4 (décembre 2021)
Le Sine Saloum se mobilise pour le climat et l’environnement
En marge de la conférence sur le climat de Glasgow (Royaume-Uni) une « COP 26 alternative locale » était organisée dans le delta du Sine Saloum du 1er au 12 novembre 2021.
Objectifs : faire entendre au niveau national et international la voix des communautés injustement impactées par le dérèglement climatique. Une mobilisation d’autant plus forte que venait de démarrer le forage du champ pétrolier offshore de Sangomar, faisant peser de lourdes menaces sur l’environnement et les conditions de vie des populations riveraines.
Pour une justice climatique
Sous le barnum installé au centre du village de Niodior, île au bord de l’océan, et première étape de cette caravane pour le climat, fédérations de femmes, de pêcheurs, associations environnementales expriment leurs inquiétudes face à cette crise climatique et témoignent. La saison sèche est plus longue d’année en année, plus chaude aussi : en 2020 et 2021 le thermomètre a frôlé plusieurs fois 50 °C au centre du delta. Pour les hommes et les femmes, qui tirent leur subsistance exclusivement des ressources naturelles, le dérèglement climatique menace directement leur environnement nourricier. Les fleuves Sine et Saloum taris, le delta n’est plus alimenté en eau douce : c’est l’océan qui s’engouffre au rythme des marées, loin dans l’estuaire, où les eaux sont trois fois plus salées qu’en pleine mer, les terres gorgées de sel ne sont plus fertiles.
Sanctuariser le delta pour le protéger
Pourquoi une COP locale ? Pour que participent à ce grand débat mondial les communautés directement touchées par le réchauffement climatique alors qu’elles n’en sont en rien responsables. Conférences, débat, projections de films, visite des sites les plus impactés. Le climat est sorti de sa courbe de variation naturelle. Coupables désignés : les émissions de gaz à effets de serre produites par les énergies fossiles. Alors que pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat (trente ans depuis Rio en 1991), la sortie des énergies fossiles était actée à Glasgow, l’exploitant australien Woodside commençait le forage du champ de Sangomar, à une centaine de kilomètres au large du delta du Sine Saloum, prédisant une production de 100 000 barils/jour dès 2023. Bénédiction pour l’État, malédiction pour de nombreux riverains, qui redoutent les impacts environnementaux et sociaux. Aussi, les populations, accompagnées et formées par l’association CRADESC, ont entrepris de cartographier leur territoire (recenser les sites sacrés, les activités, les cultures…), afin de le sanctuariser. Ce document sera remis à l’exploitant et à l’État sénégalais.
Former des « sentinelles de l’environnement »
Intervention de Lamine Ndiagne, président de l’AJE (Action justice environnementale), sur la forte vulnérabilité du delta du Saloum et l’exploitation du pétrole de Sangomar. Il est primordial de former des « sentinelles » de l’environnement pour donner l’alerte au moindre problème.
« Gandoun pêche »
De vives inquiétudes quant aux impacts environnementaux et sociaux, notamment pour ce qui concerne la pêche, ont conduit à une mobilisation sans précédent dans le Sine Saloum, avec la création de l’association Gandoun Pêche, regroupant tous les acteurs de la pêche, hommes et femmes, du delta. Objectif : protéger la mer et ses ressources et défendre ses droits.